Trail de Bourbon 2015, difficile de faire le compte rendu d’un abandon …
Par Anne-Catherine – Pendant que les copains s’élançaient sur la diagonale des fous, Bruno et moi avions décidé d’être « raisonnables » et de nous aligner sur le trail de Bourbon (97 km et 5 655 D+).
Nous partons donc de Cilaos le samedi à 4h du matin après une arrivée en convoi de bus magique et quelques heures d’attente dans un stade posé au milieu de nulle part, cherchant à nous réchauffer au milieu de la nuit.
Nous suivons les conseils glanés ça et là et nous positionnons au début du sas de départ (il faut jouer des coudes) et déroulons sur les 7 premiers kilomètres assez roulants, de manière à attaquer la montée vers Caverne Dufour en première moitié de peloton. Grand bien nous en fait … car cela bouchonne sec dans cette montée en single, très raide et alternant échelles et parties assez techniques. Impossible de doubler et la première barrière horaire est courte.
Nous arrivons dans les temps et sereins en haut et basculons sur une descente interminable jusqu’à Hell bourg : successions de marches, boues, racines et pierres glissantes … Rien ne nous sera épargné et à aucun moment mon pied ne rencontrera un seul endroit stable où se poser.
Assez vite le soleil perce à travers la forêt et nous nous retrouvons en plein cagnard… Et c’est là où tout se dérègle : mon co-équipier attrape un premier coup de chaud qui affole son cardio. Il récupère un peu aux ravitaillements du Gite de Bellouve puis à celui de Hell Bourg grâce aux points d’eau qui lui permettent de se rafraichir.La montée infernale entre le fond du Cirque de Salaizie et la plaine des Merles (15km 1200 D+)auront raison de lui : le soleil est de plomb, le premier tiers de la montée en plein soleil et très vite les vomissements s’installent..
Suivront de longues heures d’ascension sans points d’eau (15 km) qui ressemblent à un spectacle de débâcle où nous croiserons de multiples coureurs allongés dans la montée, complètement déshydratés…
C’est très mal en point que Bruno arrive finalement au ravitaillement de la Plaine des Merles et va s’allonger sous la tente médicale. Les 45 minutes d’avance que nous avions précieusement conservées sur la barrière horaire ne lui permettront pas de récupérer suffisamment pour repartir et nous rendons donc notre dossard après 14 heures de course et 40 km parcourus.
Ce que je retiendrais de cette course
- Des paysages magnifiques : Que ce trail est beau, entre le Cirque de Cilaos, la forêt primaire de Bellouve, les chutes d’eau… C’est un régal pour les yeux !
- Des descentes extrêmement techniques avec des racines, de la boue et des pierres glissantes qui m’ont fait comprendre toute la marge de progression que j’avais encore
- Un parcours très exigeant. A la Réunion, rien n’est à la taille humaine : les marches des escaliers sont gigantesques, les terrains glissants et parsemés de racines cachées sous la boue, le soleil est de plomb. C’est psychologiquement et physiquement éprouvant car il n’y aucun moment de relâche, à la différence de trails en métropole où l’on peut souvent « dérouler » et se reposer un peu.
Vive les bénévoles !
Une course ne peut exister que grâce à des bénévoles et à la Réunion, ils sont extras et nous ont été d’un grand secours. e tenais à leur rendre ici hommage et à les remercier du fond du coeur !
Il faut savoir que sur le Grand Raid quand vous abandonnez, vous devez vous débrouiller seuls pour rentrer: pas de navette, pas de rapatriement… Et ce n’est pas une mince affaire quand vous êtes au milieu de nulle part, sans véritable route à proximité et aucun taxi ou ami susceptible de venir vous chercher.
Ce sera le chef de poste de la Plaine des Merles qui nous raccompagnera jusqu’à Saint Gilles dans son véhicule personnel (2 heures de route quand même) !
Merci à lui et à toute son équipe !
Nous avons assistés à la fermeture des postes de la Plaine des Merles et de Sentier scout et nous sommes rendus compte de toute la logistique qui reposait sur les épaules des bénévoles : ranger la nourriture, la charrier dans des camions, enlever le groupe électrogène, les panneaux de signalisation de la course et ramasser les déchets laissés en pleine nature par des traileurs indélicats.
Chapeau à ceux qui permettent à des coureurs de vivre leurs rêves ! Vive les bénévoles !
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