La diagonale des fous 2015 vue par une accompagnatrice
Par Charlotte
13h00 jeudi 22 octobre 2015, j’arrive à l’aéroport Roland Garros pour rejoindre mon père Laurent à Saint Leu où il se prépare pour le départ de la course. Une petite sieste et c’est l’heure !
22h00 : Laurent, Thierry, Patrick et Christophe s’élancent pour le Grand Raid de la Réunion. Il fait nuit et quelques gouttes accompagnent leur départ de Saint-Pierre.
Le lendemain, il fait chaud et c’est par SMS que je reçois les temps de passage de Laurent et Thierry à chaque ravito. Un appel de mon père le midi et quelques infos sur leurs premières impressions : c’est dur, il fait chaud, Laurent sent une première ampoule au pied… Je suis à la fois inquiète et hyper impatiente de les rejoindre le lendemain en haut du Maïdo, sans savoir dans quel état je les retrouverais et si je pourrais les suivre en courant.
5h00 du matin samedi 24 octobre, réveil avec le lever du soleil. Bertrand prend la voiture et m’accompagne en haut du Maïdo. A 8h00, on est en place et on attend nos trailers dans une super ambiance. Je sais qu’il est interdit d’avoir des « lièvres » sur la course mais l’idée n’est pas là : je compte faire un petit bout de chemin avec eux, leur changer les idées et découvrir les paysages réunionnais d’une autre façon. Du haut de ma petite expérience de runneuse, j’ai déjà fait un trail de 13km dans les Alpes en mai dernier mais je ne sais pas du tout à quoi m’attendre, surtout par cette chaleur.
A 9h00, je reçois un SMS de Laurent qui me dit qu’il arrive ; alors on guette les coureurs qui parviennent en haut du col. Je le vois quelques virages plus bas, et cours le rejoindre : ravi d’avoir vaincu le Maïdo et super souriant comme d’habitude, il se fait acclamer par les spectateurs. Je pense qu’on peut l’élire l’Homme le plus bavard du Grand Raid ! Thierry, qu’en penses-tu ?
On arrive au ravito du Maïdo. Thierry et Patrick nous y rejoignent. Il fait super beau, c’est un bonheur. Et là, c’est parti il est 10h30 je m’incruste dans l’équipe, trop contente ! On descend jusqu’à Sans Souci en cavalant parce que ça déroule bien et que le chemin le permet. Les garçons discutent pas mal, on passe sous quelques branches en faisant attention à nos chevilles pour les racines et les marches en bouts de bois. Après 15km, on arrive au ravito de Sans Souci, on discute avec Laurent pour savoir jusqu’où je les suis. Je suis décidée à aller jusqu’à Possession, soit encore 15km. Alors on repart par la Rivière de Galets où je me crois dans Koh-Lanta : on crapahute et ça remonte à travers les champs de cannes à sucre et les habitations. Les locaux ont installé des stands ombragés devant chez eux, ils y mettent souvent de la musique, nous offrent des fruits du coin et nous proposent à boire à grands coups de tuyaux d’arrosage, il fait super lourd et humide.
En milieu d’après-midi, pointage surprise dans la forêt après le ravito d’Halte-là, je suis pénalisée de 15mn d’attente car je n’ai pas de dossard et suis assimilée à un « lièvre ». Après cette « longue » attente, je profite de ma forme pour remonter un bon nombre de raideurs qui me demandent si je suis la première féminine du Bourbon ! Parce qu’en effet, les premiers du Bourbon nous doublent déjà.
En fin d’après-midi, on termine le tronçon jusqu’à Possession et la nuit tombe. Il est 19h00 quand je quitte Thierry et Laurent, il commence à pleuvoir et le moral des troupes est plutôt bon.
Vers minuit, c’est avec Luc que j’attends les winneurs au Stade de La Redoute à Saint Denis. La dernière descente du Colorado est terrible, on voit les coureurs arriver crottés et lessivés. La plupart a encore la force de sprinter ! C’est vraiment des fous !
A 03h10, SMS de mon père, il arrive ! Grand sourire de champion de monde !
Thierry arrive aussi et c’est ensemble qu’ils foulent le sol du Stade de « La Délivrance » à 03h50 et après 53h50 d’effort. Super moment d’émotion, de soulagement et de satisfaction ! Bravo les gars.
La plus grande preuve de persévérance et de courage de toute ma vie, une super expérience vécue avec eux et un grand esprit d’équipe. Mais surtout deux Grands Hommes dont je suis très fière !
Un grand bravo à toute l’équipe de ZeTeam. J’attends avec impatience de faire mes preuves pour rentrer dans l’équipe…
Charlotte Bouisse, fille d’un champion.
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